Camille Sennegon, l’un des meilleurs apprentis de France
« Depuis longtemps, je pensais à participer au concours Meilleurs Apprentis de France et me disais que le moment se présenterait. Ce temps est venu.
C'est un concours national destiné aux apprentis en 2ème année de CAP associé à de nombreux métiers. J’ai décidé de me présenter dans ma catégorie « serrurerie-métallerie ».
Pour le concours, la création d’une pièce nous est demandée avec un barème de notes associé dans le respect de contraintes techniques imposées. Pour ma part, j'ai dû construire un coffre en acier avec un couvercle cintré de style ancien. Deux poignées devaient aussi être fabriquées selon mon design. Le concours se déroule sur en dehors des heures de travail donc sur le temps libre.
J'ai tenu à participer à ce concours pour me prendre du recul sur mon travail et me comparer à d'autres jeunes du même niveau que moi. Je voulais aussi sortir de ma zone de confort en ayant une vision différente sur cette réalisation à venir puisque le temps de fabrication n'était pas un facteur déterminant de la note finale. Cela m’a donc permis de me focaliser sur la qualité de travail et la découverte de nouvelles techniques de fabrication. Désormais, les médailles peuvent être obtenues selon la note de l'œuvre et apportent une réelle reconnaissance puisqu'elles attestent du savoir-faire et de la motivation du jeune apprenti.
Il m'aura fallu environ 300 heures de labeur pour arriver au bout de la création. Cet ouvrage comporte quelques particularités majeures, qui, au premier abord, ne sont que des détails. Les coupes et assemblages du coffre devaient être laissés intouchés de l'extérieur : j'avais la possibilité de souder les jonctions uniquement de l'intérieur, et de ce fait, les ajustages devaient être irréprochables pour ne laisser transparaître aucun jour ni espace. La tolérance des cotes à 0,5 mm était également un réel défi à relever pour un apprenti. Les cotes étant des éléments prédominants dans le barème de notation, il était donc impératif de les respecter.
Au cours de cette expérience, mon apprentissage a été optimal et efficace. Mes bases dans le métier ont été approfondies et renforcées, et j'ai acquis de nouvelles façons de travailler.
Dans ce contexte, j’ai appris que le savoir-être devenait aussi important que le savoir-faire, le premier pouvant dynamiser l'autre et pas l'inverse. Ce concours m'a enseigné une réelle philosophie : je devais sans cesse me remettre en question pour atteindre l'excellence recherchée, et garder la tête froide à chaque fois qu'une étape était franchie. D’ailleurs, je suis « tombé » à de nombreuses reprises mais j'ai dû apprendre à me servir de ces échecs comme une leçon pour en ressortir grandi.
Le plus difficile pour moi aura été le cintrage des cornières et fer tés du couvercle au tas creux et au maillet : cette étape technique et très chronophage conditionnait la réussite de l'ouvrage, et j'ai dû rattraper mes erreurs à de nombreuses reprises.
M. Frédéric Andrès, Maître Artisan Ferronnier d'Art et Maître d'Apprentissage, a toujours été présent au quotidien durant la réalisation de cette malle ! Grâce à lui et à mon investissement, j'ai obtenu trois médailles d'or dans les catégories Département 74, Région Auvergne Rhône-Alpes et Nationale.
Dans le futur, je souhaite continuer de m'améliorer afin de passer le test pour participer au Journeyman Smith auprès de l'American bladesmith society : celui-ci atteste d'un savoir-faire certain dans mon autre passion, la coutellerie artisanale.
Je tiens à dire aux jeunes hésitant à se lancer sur la voie de l’apprentissage qu'il s'agit d'un bon passeport pour l’avenir. Je n'étais pas attiré par les longues études, et à mes yeux l'école ne m'apportait pas de solutions concrètes. Grâce à l'apprentissage en alternance j'ai pu entrer dans la vie active plus sereinement grâce à un nouveau savoir-faire, ainsi qu'un salaire obtenu en tant qu’apprenti pour financer mes besoins futurs. »
Camille